
Nous sommes fin d’année 1950, il y a 70 ans. Deux hommes se rencontrent, ils sont actifs dans des mouvements catholiques de l’époque. Le plus jeune, fraîchement débarqué de la Province de Luxembourg, propose d’organiser un chemin de croix qui parcourrait les rues de Tournai. Son compagnon voit dans cette suggestion l’occasion de témoigner au Ciel sa reconnaissance d’avoir été sauvé d’une mort certaine durant la première guerre mondiale. Il y avait reçu une balle en pleine poitrine, qui aurait normalement dû l’emporter. En effet, il avait dans la poche intérieure de sa veste un portefeuille bien épais, bien ‘rempli’. Il avait dans un compartiment de ce portefeuille une image du Sacré-Coeur qu’il gardait toujours sur lui. Il n’en fallait pas plus pour que les deux hommes décident de se mettre à l’ouvrage et de mettre en place l’organisation de ce chemin de croix.
Le Chemin de Croix de Tournai a ainsi vu le jour. Le Vendredi Saint 23 mars 1951, les fidèles de Tournai et des environs parcouraient pour la première fois les rues de la ville. Chaque année depuis cette date, les membres successifs du comité organisateur ont permis que se déroule cette manifestation de foi.

En ce milieu du vingtième siècle, l’Eglise connaissait ses « heures de gloire ». La foi était vive et la pratique fervente. La foule des fidèles était conséquente. Dès la première année, l’armée était représentée par un fort contingent de militaires. Le commandant de l’Ecole de Logistique (armée belge) de l’époque, fervent catholique, fit participer officiers, sous-officiers et autres. Ils portaient de lourdes croix constituées de tronc brut avec une barre transversale, certaines bien lourdes. Un grand Christ en bois était fixé sur un char tiré par des chevaux de ferme. L’évêque du diocèse – qui portait lui-même un croix – suivait le char.
A l’occasion du 60ème anniversaire, on pouvait lire sur le site cathobel.be : « En 1951, tout Tournai s’y était mis : une donatrice avait permis de venir couper le bois de taillis nécessaire pour la confection, par des scouts, de 400 croix rustiques de poids et de formes variés. Une famille d’agriculteurs avait prêté – et prête encore – son char à foin, alors tiré par un attelage de chevaux de trait, supportant le grand Christ en croix de l’église Sainte-Marie-Magdeleine ; un détachement de la garnison de Tournai portait une très grande croix ; tous les mouvements de jeunesse locaux portaient croix ou flambeaux etc. Ce cortège débutait et se terminait Place Paul-Emile Janson, au pied de la cathédrale.«

En 2020, pour la première fois depuis 1951, il n’y aura pas de sortie du 70ème Chemin de Croix de Tournai dans les rues de la ville.